Un an de guerre en Ukraine

J’ai écrit il y a dix jours que l’armée ukrainienne se fait massacrer dans le Donbass.

http://bit.ly/3Zcjnb2

Le New-York Times confirme cela, en relatant des histoires, des drames au quotidien qui s’y produisent

nyti.ms/3ErNuDn0

Il est impossible que la Russie revienne à la situation du 23 février 2022. Je dirai pourquoi dans un autre texte.

Il faudra donc en sortir par un compromis qui soit favorable à la Russie, comparé à la situation du 23 février 2022.

La question est : quel sera le compromis à trouver ?
Quel sera le prix à payer pour l’Ukraine et les ukrainiens ?

Macron pose la bonne question, mais à l’envers: il ne s’agit pas d’éviter d’humilier ou d’écraser la Russie, mais d’éviter de détruire et d’humilier l’Ukraine.

L’armée ukrainienne se fait massacrer dans le Donbass

Ce qui se passe en Ukraine est un carnage.
L’armée ukrainienne est en train de se faire massacrer.
Le rouleau compresseur russe avance méthodiquement pour prendre et contrôler les régions russophones que la Russie a décidé d’annexer.

Ça n’empêche pas les pieds-nickelés de la géostratégie de parler d’une victoire de l’Ukraine et d’une reprise de la Crimée !
Des imbéciles ou des criminels, je ne sais pas.

La propagande a inventé un président Zelensky héroïque et une armée ukrainienne exceptionnellement résistante.
La vérité est cruelle.
Le premier est un amateur totalement corrompu, la seconde est minée par la corruption et l’indisciplne.

Les pieds-nickelés de la géopolitique ont inventé des défaites russes et des victoires ukrainiennes. Ils ont créé une fiction, et bâti l’avenir sur cette fiction.
Voici quelques unes de leurs inventions les plus saugrenues.

1. L’armée russe n’a pas pu prendre Kiev. Énorme défaite de la Russie, ont-ils dit.
Problème : l’armée russe n’a jamais envisagé d’occuper Kiev.
Dire que l’armée russe voulait occuper Kiev, c’est prendre les russes pour des cons ou des amnésiques. Les russes ont oublié Kaboul ?

2. L’armée ukrainienne a repris Kherson. Les pieds-nickelés ont inventé ça, et ils ont fini par croire à leur propre mensonge.
Pourtant, l’armée russe a évacué la ville, et a mis en scène l’évacuation. Ça s’est passé sous le regard du monde entier.
Cela n’empêche pas l’écrasante majorité des commentateurs occidentaux de parler de la libération de Kherson.

3. L’armée ukrainienne peut reprendre la Crimée.
Ce n’est même pas une blague.
Dire que des commandos ukrainiens peuvent organiser des opérations à Moscou ou ailleurs en territoire russe, qu’ils peuvent faire des coups en Crimée ou en Mer noire, OK. Dire que des résistants ukrainiens peuvent faire beaucoup de mal à l’armée russe en territoire ukrainien est plausible. Beaucoup de choses sont possibles quand on défend son pays contre un occupant.
Mais parler de reprendre la Crimée, c’est soit risible, soit criminel.

4. Avec des chars, l’armée ukrainienne peut reprendre l’initiative.
C’est de la com. De la com pure. Doublée de bêtise.
Cette com permettra peut être aux dirigeants ukrainiens de faire bonne figure plus tard, en disant : on ne nous a pas assez aidés, les chars ne sont pas arrivés, sinon, vous auriez vu ce que vous auriez dû voir.
Mais pas plus.
Les amis des ukrainiens seraient plus crédibles en leur tenant un autre discours.

5. Faut-il revenir sur toutes les affabulations, genre : l’armée russe va s’écrouler, Poutine va être renversé, les russes vont sortir en masse dans la rue ? Faut-il rappeler le diagnostic éclatant selon lequel l’économie russe allait s’effondrer ?

6. En fait, les pieds-nickelés de la géopolitique ont décidé de définir eux-mêmes les objectifs que l’armée russe s’était fixé à travers l’invasion de l’Ukraine : occuper le pays, changer de régime, pendre Zelensky, russifier le pays, utiliser l’Ukraine comme première étape avant d’occuper d’autres pays, etc. Chaque « expert », chaque « spécialiste en prospective », y allait de sa musique.
Et à chaque fois que la Russie ne faisait pas ce qu’ils avaient prévu, experts et stratèges parlaient d’échec de l’armée russe.

6. Il était plus simple de penser, dès le début, que la Russie avait comme objectif d’annexer les régions russophones de l’Ukraine3, après avoir neutralisé l’armée ukrainienne et montré à quels risques s’exposait l’Ukraine si elle refusait le fait accompli.

Ceci dit, la Russie a commis plusieurs erreurs d’appréciation.

A. Elle n’a pas procédé à l’américaine (en Irak), elle a evité les bombardements massifs qui auraient détruit l’Ukraine et brisé toute velléité de résistance. Il n’y a pas eu effondrement de l’Etat ni de l’armée ukrainiens, qui ont pu rebondir.

B. La Russie a sous-estimé la capacité des États-Unis à maintenir à flots le gouvernement ukrainien.

C. La Russie a sous-estimé la vassalisation de l’Europe par les États-Unis. L’Europe a littéralement abdiqué, abandonnant toute velléité de décision.
La France et l’Allemagne, qui avaient parrainé les accords de Minsk, ont fait preuve d’une duplicité incroyable, même si Macron a tenté de garder la face en maintenant le contact avec Poutine.

D. La Russie a sous-estimé la peur que l’invasion de l’Ukraine allait provoquer en Europe. Beaucoup de pays européens, notamment à l’est, pensent que leur tour viendra aussitôt que la Russie en aura fini avec l’Ukraine.

E. La Russie pensait-elle être en mesure de rééditer le coup de la Géorgie de 20082, avec une guerre éclair et des conquêtes territoriales définitives ?
Si c’est le cas, c’est une lourde erreur d’appréciation.
Angela Merkel et François Hollande, parrains des accords de Minsk, ont tous deux avoué que ces accords n’ avaient pas pour objectif de résoudre le conflit du Donbass, mais de permettre à l’Ukraine de s’armer pour se préparer à une guerre inévitable.
Si c’est le cas, cela voudrait dire que Poutine et les dirigeants russes n’ont rien vu venir, qu’ils ont été bernés comme des novices.
Ça explique probablement l’intransigeance russe actuelle.

F. La Russie semble avoir perdu la bataille de l’opinion occidentale. L’élimination des médias russes en occident, l’encadrement serré des médias occidentaux, totalement embedded, ont étouffé l’expression russe.
La Russie a cependant conservé le soutien de l’opinion chinoise, russe, arabe, africaine et latino-américaine, mais le mérite n’en revient pas aux russes. En gros, les chinois suivent leur gouvernement dont l’intérêt est côté russe, les arabes et les africains ont été scandalisés par le deux poids deux mesures dans le traitement de l’Ukraine par rapport aux autres pays, les sud-américains par souci d’indépendance.

G. Une curiosité tout de même. Les médias occidentaux publient peu de sondages sur la guerre en Ukraine.
Pourquoi ?
Après une demi journée de recherches et de lecture, j’en suis arrivé à cette conclusion : dans de nombreux pays européens importants (Allemagne, France, Espagne, Italie), l’opinion publique est favorable à une négociation sur la crise ukrainienne.
Plus grave encore, l’opinion européenne a tendance à s’éloigner de l’Ukraine. Ce qui explique la discrétion sur les sondages, traditionnellement brandis à tous bouts de champs.

Cela nous ramène au point de départ.
L’armée ukrainienne est en train de se faire massacrer dans le Donbass.
Pendant ce temps, dirigeants et faiseurs d’opinion occidentaux continuent d’occulter la réalité, pour assurer la poursuite de la guerre jusqu’au dernier ukrainien.
Le jour où on essaiera de savoir si des gens se sont comportés en criminels dans ce conflit, il ne faudra pas les oublier.

Reste à savoir si ces analystes sont réellement des pieds-nickelés.
A lire leurs CV, on se rend compte qu’ils sont d’anciens officiers supérieurs, d’anciens diplomates de haut rang, d’éminents professeurs d’université. Ou des journalistes « engagés ».
Ce ne sont donc pas des pieds-nickelés, mais un personnel de qualité, embedded pour défendre un point de vue de son propre pays.

والسلام….

Quelques règles pour percer dans la vie politique moderne.

Les médias et les réseaux sociaux ont imposé de nouveaux codes pour réussir sa carrière politique.

Voici quelques conseils pour faire une belle carrière.

D’abord, bien se préparer pour aller à une manif ou à un rendez-vous médiatique. Avoir un moral élevé, et de la prestance.

Bien préparer ses dossiers, pour dire des choses intéressantes

Veiller à ce que ça soit original, pour faire le buzz, et penser aux plus pauvres, aux plus faibles

Soigner son image. Un look guerrier, genre Zelensky, c’est très chic.

A défaut, afficher une volonté de concilier l’inconciliable

Être dans l’air du temps quand il le faut

Mais ne pas hésiter à aller à contre-courant si nécessaire

En cas de besoin, ne pas hésiter à dire n’importe quoi pour attirer l’attention médiatique

Toujours imposer cette impression qu’on fait partie des plus grands

La vulgaire censure russe face au talent (génie) de la censure occidentale

Les occidentaux ont eu bien raison de censurer les médias russes, comme Sputnik ou Russia Today, et de mettre en place un encadrement de haut niveau des principaux médias occidentaux.
Ce dispositif très efficace permet d’éviter certains désagréments, comme de permettre aux européens d’accéder à des informations toxiques.

Exemple.
L’ancienne chancelière Angela Merkel a déclaré il y’a un mois et demi que les fameux accords de Minsk de 2014-2015 avaient pour objectif, non de régler la crise dans le Dombass, mais de permettre à l’Ukraine de s’armer et de se préparer à la guerre. L’interview a été publiée par un journal allemand, Fi Zeit, mais vite oubliée, étouffée, enterrée.
Reprise par les médias russes, elle n’a pas touché le grand public en Europe.

Quelques jours plus, l’ancien président français François Hollande faisait le même aveu, confirmant que les accords de Minsk étaient une manœuvre pour retarder une réaction russe inéluctable. Il faut rappeler que Hollande et Merkel avaient parrainé les accords de Minsk entre l’Ukraine et les représentants de la rébellion du Donbass.

http://bit.ly/3kTDsE8

Le président ukrainien Porochenko a fait le même aveu.

Quand j’ai lu cette info la première fois, à propos de l’interview de Mme Merkel, j’ai réagi comme un lecteur de base inondé par la presse libre occidentale. Je me suis dit que c’était de la vulgaire propagande russe.
J’ai tout de même vérifié, et j’ai trouvé l’interview de Mme Merkel dans un journal allemand.

http://bit.ly/3Y6RSiF

J’ai décidé de publier ce post après une discussion avec des amis, installés aux États-Unis, en France et au Canada, très branchés sur l’actualité, mais qui m’ont dit ne pas être au courant de la déclaration de Mme Merkel.
Preuve qu’on peut être très mal informé dans un système supposé libre, avec une presse bien encadrée; et qu’une gestion très subtile et très élaborée peut se révéler plus efficace que la vulgaire censure russe.